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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 16:48

Pour une Europe des Peuples

(ce texte a fait l'objet d'une parution dans la revue "War Raok" du Parti du Peuple Breton)

L’Europe n’a pas attendu l’Euro pour exister (si tant est qu’elle existe aujourd’hui ?), elle n’a pas attendu, non plus, l’Union Européenne et, avant celle-ci  la CEE, les Etats Nations, les Républiques, les Royaumes, les Empires… enfin, toutes ces structures qui se sont succédées depuis des siècles et des siècles sur notre vieux Continent.

L’Europe a eu une existence réelle quand sont apparues les premières civilisations Indo-Européennes sur son sol, quand des peuples forts divers ont développé leur culture particulière sur une partie de ce Continent, chacune de ces cultures étant issues d’un même tronc commun à l’origine. Et depuis ce temps là, pendant tout ces siècles, ce sont uniquement les peuples qui ont assuré une continuité à cette Europe. Les organisations sociétales ont pu prendre différentes formes, ici ou là, changer au cours du temps, les Rois et les Républiques sont passés ou passeront, mais les peuples ont toujours été et seront toujours là.

Aujourd’hui, nous sommes arrivés à un tournant historique, non seulement sur le Continent Européen, mais partout dans le monde. Il s’agira de ne pas rater ce rendez-vous avec l’Histoire. Car, le retournement psychologique de la mentalité dominante, qui s’était développée après la dernière guerre mondiale, est à présent activé.
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En effet, la civilisation post moderne, qui s’était mise en place après le dernier conflit planétaire sous l’impulsion des vainqueurs (initialement, les Etats-Unis) a développé un monstre, un système à « tuer les peuples » qui se nomme le mondialisme marchand  avec son corollaire, la loi du « Marché ».  Ce système non seulement ne tient absolument pas compte du particularisme culturel de chaque peuple mais a tendance à détruire toutes les cultures qu’il rencontre afin d’essayer de transformer les différents groupes humains en une somme d’individus interchangeables programmés pour la consommation. L’ « homo consumans », comme le dénommait C. Champetier dans un livre resté fameux, était né.

  Le programme était alléchant et la génération de ceux qui avaient été les acteurs ou victimes de ce dernier grand conflit, s’est engouffrée, tête baissée, dans cet « Eden » matérialiste. Nous en étions arrivé à l’apogée des idéologies messianiques laïcisées, celles qui promettaient le bonheur pour l’être humain sur cette terre. Libéralisme et Socialisme, Capitalisme et Marxisme, nous promettaient des « lendemains qui chantent ». Les recettes pour y arriver étaient différentes mais la finalité restait la même. Si le Socialisme marxiste, pour arriver à ses fins, usât de la coercition par la mise en place d’un terrorisme d’Etat (centralisme démocratique et dictature du prolétariat), le Capitalisme libéral n’en fut pas moins un terrorisme transnational insidieux par le biais d’une déculturation permanente et d’un formatage des esprits. Le modèle marxiste léniniste pour atteindre les buts qu'il s'était fixé (créer un homme nouveau malgré lui…Jean Jacques Rousseau, Karl Marx, même combat), débouchant inévitablement sur une répression d’état (l’hôpital psychiatrique ou le goulag remplaçant l’excommunication) comme il sied à toute religion dogmatique, sera le premier à susciter une réaction des peuples dominés et aboutira à la fin d’une utopie dangereuse, matérialisée par la Chute du Mur de Berlin.

Malheureusement, cela a, immédiatement, ouvert un boulevard à son alter ego, le Capitalisme ultra libéral qui sévit, depuis lors, de façon monopolistique avec les conséquences que l’on connaît. Il est, en effet, plus difficile de combattre un ennemi invisible qui agit dans l’ombre surtout si celui ci arrive à vous persuader qu’il est là pour faire votre bonheur et qu’il n’y a pas d’autre alternative possible.

Aujourd’hui, ce système nous amène à la crise de l’Euro, à la mise en faillite des peuples européens (la Grèce a été la première), à la situation de cessation de paiement du colosse aux pieds d’argile, j’ai nommé les  Etats-Unis, et ce n’est pas fini. Big Brother s’engraisse et les entreprises dégraissent: résultat... les peuples sont voués la  misère.
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Si la chute du mur de Berlin qui a mis fin au premier modèle a entraîné un mouvement de libération des peuples et une redistribution des cartes, il n’en reste pas moins vrai que l’extension du deuxième modèle n’a pas atteint son crépuscule et que le capitalisme est encore bien vivant, même malade. Nous n’en sommes qu’au début de la prise de conscience des peuples pour aboutir à leur émancipation.

Ce que nous voyons, aujourd’hui, et qui devrait être l’évènement dominant de ce siècle, est l’esquisse d’un mouvement de libération des peuples pour se réapproprier leur destin. Cette réappropriation passe par une large conscience culturelle de ce qu’ils sont et d’où ils viennent.

Comme nous le disions précédemment, c’est dans les années 90 que s’est amorcé ce mouvement de redistribution des cartes avec une refonte totale, pour ce qui nous concerne, de la carte de l’Europe. Regardez la carte de l’Europe en 1990 et celle d’aujourd’hui: les anciens pays ont éclaté, d’autres pays nouveaux sont apparus, une nouvelle Europe s’est dessinée, ouvrant la voie à de nouvelles transformations géopolitiques.

Ce qui a sauvé les peuples sous domination soviétique a été le seul moyen d’expression qu’ils avaient, à savoir leurs cultures. Ce qui sauvera les peuples des idéologies standardisantes et réductrices actuelles  sera, aussi, leurs cultures. La France est un très bon exemple de cette volonté de négation culturelle et de réduction à l’unique avec sa république jacobine : elle s’est inventé un « mythique peuple de France », peuple factice ou pas une seule tête ne doit dépasser. En ce sens, elle est unique en Europe. Mais si on peut bâillonner un peuple, on ne peut l’empêcher d’être.  Toutes les « Patries Charnelles » qui sont sous la domination française, toutes ces Nations sans Etat, peuvent aujourd’hui envisager de vivre demain le destin qu’elles se seront choisi et non pas celui qui leur est dicté par l’état occupant. Les peuples Basques, Bretons, Catalans, Corses, Niçois ou Savoyards ont autant de droit que les Croates, les Lituaniens, les Slovènes , les Slovaques, les Tchèques voire  les Monégasques à être, demain, les sujets de leur histoire et non plus les objets d’états colonialistes. Pour en revenir à mes propos du début de cet article, malgré les vicissitudes de l’histoire et les différentes formes de gouvernement qui se sont succédées, les structures sociétales ont pu disparaître mais les peuples sont encore là. Les civilisations Celtes, Latines, Germaines, ont induit des peuples divers, qui ont connu des destinées   différentes au cours des siècles, mais ces peuples sont toujours présents aujourd’hui.
        
L’histoire avance mais n’est écrite nulle part : elle est ce que les êtres humains en feront. Certaines Nations en Europe ont montré la voie comme l’Irlande par exemple. D’autres ont développé des formes d’autonomie pour le moins intéressantes comme la Catalogne.  Enfin, certaines avancent vers une souveraineté retrouvée comme l’Ecosse. Le mouvement est lancé et rien ne l’arrêtera. Si l’Europe qu’ils ont bâtie, ces dernières décennies,  n’est pas celle que nous souhaitons, il n’en est pas moins vrai qu’elle est une opportunité de reclassements futurs par le biais d'émergence de grandes régions Européennes. L’avenir de la Bretagne est sûrement dans le rapprochement avec les autres nations Celtes, celui des Basques et des Catalans par un rapprochement avec leurs voisins et frères du Sud, celui du Comté de Nice vers l’Est par  un avenir commun avec le Piémont et la Ligurie, etc… Nous devons, dès à présent, envisager de nouvelles voies politiques pour contourner l’immobilisme liberticide de la « république une et indivisible ». Les vieilles nations ont fait leur temps, demain se fera sans elles: l’Europe à venir sera celle des peuples et des Nations nouvelles.
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Je voudrai terminer cette libelle par quelques phrases prémonitoires tirées d’une vieille chanson de lutte ouvrière et de révolte populaire du siècle dernier dans la ville de Lyon. Cette vieille chanson a pour titre « Les Canuts »,  et célèbre le soulèvement de ces ouvriers soyeux qui étaient taillables et corvéables à merci :
«Nous tisserons pour vous le linceul du vieux monde,...
                                              ...Et l’on entend déjà la révolte qui gronde… »


   
Robert PAGAN

   


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